La Corse, une montagne dans la mer, dit-on. Cette ile de la Méditerranée se trouve à 170 km au sud de Nice. Baignée de soleil, elle est entourée par la côte italienne, à l’ouest, et la Côte d’Azur, au nord.

Son vignoble fait partie de la Provence-Corse et hérite d’une longue histoire viticole qui remonte à l’Antiquité. Il compte près de 120 caves indépendantes, regroupant 450 domaines qui se partagent les trois zones vinicoles de l’ile : le Cap Corse et la Castagniccia, la côte ouest et la plaine orientale.

Chaque année, la Corse produit près de 100 000 hectolitres sur les 7 000 hectares de vignes qu’elle possède, dont 2 500 sont plantés en AOC.

De vins modestes à vins de grande qualité

Les origines de la viticulture en Corse datent du VIe siècle avant notre ère. Les Phocéens plantèrent le premier vignoble dans la région d’Aléria. Pendant l’essor de l’Empire romain, les Romains ont propulsé la ville en une cité antique prospère, où la culture de la vigne, de l’olivier et du blé devint la ressource principale agricole. À la chute de Rome, Aléria est reprise par les ordres religieux, qui continuèrent à investir dans l’exploitation viticole au point de doubler la production vers la fin du XVIIIe siècle. Mais la crise du phylloxéra n’échappe pas à la région, entrainant ainsi la destruction de la grande majorité du vignoble de Corse.

Des Français rapatriés d’Algérie débarquent sur l’ile vers 1960. Ils relancent la plantation de la vigne à l’échelle industrielle. Dans un souci de rendement, ils produisent des vins qui se rapprochent plus des vins de table algériens, alors considérés comme une gamme relativement modeste. Cependant, les vins de qualité supérieure commencent à séduire les marchés étrangers si bien que les viticulteurs corses se trouvent dans l’obligation de se conformer à la demande.

Le vignoble se développe alors sous une nouvelle identité, celle d’un vignoble épanoui, authentique et respectueux d’un savoir-faire ancestral. Cette démarche engagée vers la fin des années 1990 marque la renaissance de la région viticole corse.

Un terroir favorable

La situation géographique représente sûrement le meilleur atout de cette région. L’ile elle-même étant une chaine montagneuse, son altitude moyenne gravite autour de 600 m au-dessus de la mer. La Corse offre un beau paysage en mosaïque sous le ciel bleu méditerranéen : montagnes, vallées, monts, pentes et coteaux.

Avec un ensoleillement annuel de 2 885 heures, le vignoble de Corse détient le record en France. Parfois, des influences montagnardes s’entremêlent au mistral venu de Provence et à la tramontane qui arrive des Alpes pour bercer les vignes. L’équilibre est parfait entre été chaud et hiver doux, pluies printanières et fraicheur de la brise marine. Toutes ces modulations météorologiques font de la Corse une terre particulièrement prospère à la viticulture, favorisant une lente maturité des raisins.

Tout comme le climat, la géologie joue également un rôle essentiel dans le développement des vignes. Ici, le sol est issu de trois formations principales : des roches cristallines, qui occupent deux tiers de l’ile ; des roches métamorphiques, surplombant la Corse alpine, au nord-est ; et des sols sédimentaires, concentrés au centre jusqu’au sud-est. Cette diversité naturelle des terroirs apporte aux vins de Corse une complexité aromatique remarquable, qui dévoile une grande finesse.

Cépages traditionnels et cépages nobles

Ces derniers sont élaborés à partir d’une trentaine de cépages traditionnels. Chacun d’eux est tout aussi surprenant qu’inattendu.

En rouge, l’on distingue le niellucciu, originaire de l’Italie centrale, le grenache, le cinsault, la syrah, le carignan, l’aleatico et le sciaccarellu, qui domine la région d’Ajaccio.

Quant aux blancs, le vignoble accueille le plus vieux cépage de la région connu sous le nom de pagadebiti mais également du vermentinu, du bourboulenc, du muscat à petits grains et de la clairette, une variété typiquement méridionale. Accessoirement, l’on peut y rencontrer de l’ugni blanc (ou rossola), du bianco gentile ou encore du codivarta.

Parmi cette liste, trois sont considérés comme des cépages nobles et entrent dans l’élaboration des 9 AOP de Corse. Le niellucciu confère aux vins de Patrimonio une robe rouge profond aux nuances violines. Le sciaccarellu s’exprime également en rouge et produit des vins élégants, où senteurs de fruits rouges s’enroulent autour des notes d’épices et de café. Enfin, le vermentinu ou rolle B s’utilise en blanc pour apporter du caractère et du volume en bouche.