La Provence évoque la douceur de vivre. Flâner dans ses interminables champs de lavande aux nuances mauves et humer les senteurs des premiers oliviers. Se perdre au milieu des villages médiévaux et se balader au cœur des vignes. Ces dernières couvrent une superficie de près 26 130 hectares, traversant les départements du Var, des Bouches-du-Rhône et une partie des Alpes-Maritimes.

Chouchouté par le soleil de la Méditerranée et l’altitude des Hautes-Alpes, le vignoble de Provence produit quelque 175 millions de bouteilles chaque année, le vin rosé étant à l’honneur. Il compte 11 appellations d’origine : chacune s’épanouit dans son propre style et s’attèle à défendre l’authenticité de la terre provençale.

Les origines du vignoble provençal

La Provence demeure le plus ancien vignoble de France. Son histoire commence dès l’Antiquité, il y a 2 600 ans, à l’époque où les Phocéens naviguèrent sur la mer Méditerranée à la recherche d’une nouvelle terre. Arrivés sur les rives occidentales, ils fondent alors la ville de Massalia, celle qui va devenir la Marseille actuelle. En plus d’avoir établi un réseau commercial avec les autres pays celtiques, ces explorateurs introduisent surtout les premières vignes sur le territoire. Puis, pendant plus de quatre siècles, les Grecs continuent de faire prospérer la culture des vignes et de l’olivier dans la Gaule.

Du temps de l’Empire romain, les hommes de Domitius Ahenobarbus entreprennent quelques changements : importation de nouveaux cépages, restructuration du vignoble dans le Midi des Gaules, organisation de la Provincia Romana et création du port militaire de Fréjus. Ainsi, de nouveaux vignobles apparaissent l’un après l’autre : la vallée du Rhône, le Beaujolais, la Bourgogne, la Gascogne et le Bordelais. Mais la Provence connait une crise viticole vers l’an 77, annonçant la fin de l’époque romaine.

Il faut attendre le Haut Moyen Âge pour que les ordres monastiques décident de redresser cet héritage. Les vins de table remplissent progressivement les caves : la qualité supérieure est réservée aux hôtes de prestige tandis que les moins bons sont vulgarisés dans le commerce. En privatisant certains domaines viticoles, les abbayes de Saint-Victor, de Saint-Honorat, du Tholonet ou encore de Montmajour contribuent à la notoriété des vins de Provence grâce à l’élaboration du vin de messe.

À partir du XIVe siècle, les vignobles provençaux deviennent le fief des notables du royaume, des familles nobles et des grands officiers de l’armée royale. La viticulture connaitra un moment de prospérité en traversant la Révolution française jusqu’au passage de la crise du phylloxéra vers la fin du XIXe siècle. Ce phénomène fait des ravages énormes, détruisant une grande partie de la région viticole provençale. Seules quelques parcelles survivent grâce au greffage des plants français sur des plants importés d’Amérique.

Alors, pour reconstruire ce patrimoine, quelques viticulteurs se réunissent afin de déclencher le mouvement coopératif et pour concurrencer les vins algériens importés. C’est ainsi que naissent les premières initiatives engagées en faveur d’une viticulture moderne et durable, en évoluant vers une démarche orientée qualité.

Situation géographique, climat et sol

Le vignoble provençal se divise en deux zones bien distinctes. Le nord et l’ouest sont dominés par la présence de la montagne Saint-Victoire, du massif de la Sainte-Beaume et des vastes collines calcaires. À l’est, face à la mer Méditerranée, la Provence cristalline enveloppe un relief plus doux, composé de collines aux courbes arrondies, qui s’entremêlent avec le vert profond du maquis. Ici, les sols sont principalement pauvres et favorisent un bel équilibre entre le stress hydrique et la minéralité des vins. Entre terrasses calcaires, schistes, granites, phyllades, grès, marnes et sables alluviaux, la Provence possède une possibilité infinie d’exprimer le meilleur de ses terroirs.

La végétation de chênes, de garrigues et de maquis laisse suggérer un climat méditerranéen à tendance montagnarde. La douceur estivale balayée par le mistral apaise la chaleur et apporte un brin de fraicheur aux vignes. En hiver comme au printemps, le vignoble jouit d’un ciel bleu lumineux et d’un ensoleillement estimé à 2 700 heures chaque année. Le massif alpin vient au secours des parcelles qui se trouvent près de la mer pour modérer l’influence des vents.